la fille de G'Kar, chapitre 6, on apprend qui est Na'Lak

Babylon 5, la salle du conseil, six heures du matin

Après une longue discussion avec Delenn, Sinclair avait convoqué les ambassadeurs plus ou moins impliqués dans « l’affaire » et tous, sauf Kosh avaient répondu à l’appel. Mollari était venu avec Vir, Delenn accompagnée de Lennier et G’Kar -sans Na’Toth- était le dernier arrivant.

SINCLAIR : je vous invite à prendre place. Delenn, avez-vous des nouvelles de Kosh ?

DELENN (l’air soucieux) : non, il est parti dans la nuit, sitôt que je l’ai mis au courant.

MOLLARI : on peut commencer sans Kosh, on en a l’habitude, non ?

SINCLAIR : bon, très bien. Ivanova et Keffer m’ont fait leur rapport. Le Lemrod, le Prométhée et le Ko’Rath ont été attaqués à ½ heure d’intervalle par un croiseur Minbari. Le Prométhée a pu nous transmettre des images avant sa destruction.

Tous les visages se tournèrent vers l’écran : un vaisseau de guerre Minbari ouvrait le feu et puis, plus rien... Tous savaient que le Prométhée n’avait pas l’ombre d’une chance face à un croiseur Minbari.

DELENN : j’ai pu l’identifier, c’est le Ninh Djalah, le soleil noir, le vaisseau de Xðren, le plus dangereux des proscrits des Epées du Vent.

G’KAR : et le Ko’Rath ? Vous n’avez pas dit s’il y avait des survivants.

Sinclair fit un signe de dénégation, le silence se fit plus pesant.

G’KAR : je connaissais bien le capitaine, c’était un ami du temps de la Résistance.

Mollari ne releva pas, il songeait aux 120 civils que transportait le Lemrod.

MOLLARI : je voudrrais qu’on m’explique, pourrquoi un Minbari voudrrait détrruirre un vaisseau rrempli d’innocents citoyens Centaurris, nous n’avons pas de querrelle avec Minbarr. Que ce Xðrren attaque le Prrométhée, cela peut se comprrendrre, qu’il détrruise un vaisseau Narrn, aussi...

G’KAR : hey !

MOLLARI : tout le monde sait que les Narrns ont vendu des arrmes à la Terrre durrant le derrnier conflit . Mais notrre rrépublique est rrestée neutrre, il n’a pas de rraison de nous attaquer. Enfin, Delenn, vous n’avez rien à dirre ?

Delenn, troublée, détourna le regard. Lennier se leva.

LENNIER : N’accusez pas Delenn, elle n’y est pour rien, j’ai échoué dans ma mission.

DELENN (posant sa main sur le bras de Lennier) : non, vous n’êtes pas responsable de cette horreur, Lennier, j’aurais dû agir, il y a bien longtemps.

G’KAR : on peut savoir de quoi vous parlez ?

DELENN : c’est une affaire interne à Minbar.

SINCLAIR : ça a pu l’être Delenn, mais avec tous ses morts... vous nous devez à tous au moins une explication.

Delenn regarda Lennier, prit une grande inspiration et inclina la tête en signe d’assentiment.

DELENN : j’aurais voulu attendre le retour de Kosh, lui seul connaît toute l’histoire.

G’KAR : il ne parlera pas, j’ai essayé et Na’Lak aussi. Ce fut douloureux assez, je n’ai pas envie de retourner dans sa lumière blanche.

SINCLAIR (surpris) : l’ambassadeur vous a attaqués ? Pourquoi n’avoir pas reporté l’incident ?

G’KAR (ironique): parce que vous croyez qu’un de vos sermons aurait eu de l’effet sur un Vorlon ? Pardonnez-moi Sinclair si j’ai perdu mes illusions en cours de route.

MOLLARI : on va parrler dans le vide pendant combien d’heurres encorre ? Et il me semble que la prrincipale intérressée devrrait être prrésente. Mon attaché m’a rraconté comment monsieur Garribaldi a fait irrruption dans ses quarrtiers, arrmé jusqu’aux dents, cette brrutalité policièrre est indigne de l’Alliance Terrrienne et je prroteste officiellement au nom de la rrépublique Centaurri.

G’KAR : vous espériez surtout profiter de la situation pour lui soutirer des informations contre un droit d’asile, c’est raté, Mollari !

SINCLAIR : messieurs, vous croyez que c’est vraiment le moment ? Je vous rappelle que nos mondes respectifs sont en deuil. Je suis désolé d’avoir dû employer la force mais Na’Lak n’était pas très coopérative et elle aussi aura à répondre de ses actes. Delenn ?

DELENN : la vérité risque de la perturber encore davantage et comme je vous l’ai dit, je ne possède pas toutes les réponses mais... je suis d’accord pour qu’elle assiste à ce conseil.

SINCLAIR : G’Kar ? Mollari ?

Tous deux firent un signe de tête approbateur et Sinclair appela Garibaldi pour qu’il introduise Na’Lak dans la grande salle du conseil. Celle-ci arriva, le visage fermé, les menottes au poignet. Sinclair la fit s’asseoir à côté de G’Kar, sur le siège qu’aurait dû occuper Na’Toth.

SINCLAIR : désolé pour les menottes mais je ne voulais pas prendre le risque de vous perdre à nouveau, considérant le nombre de morts que cette petite fugue nous a déjà coûté. Michael, libérez-la, ce ne sera plus nécessaire maintenant.

Garibaldi obéit et sortit.

NA’LAK (un peu moins hostile): merci. Posez vos questions, je vais tâcher d’y répondre.

SINCLAIR : simplement, qu’est-ce qui s’est passé ?

NA’LAK : G’Kar a dû vous dire que j’ai eu un... différend avec lui, j’étais folle de rage, je suis rentrée chez moi et j’ai cassé à peu près tout ce qui m’est tombé sous la main. C’est alors que je l’ai vue : une bombe. Si je n’avais pas renversé le brasero : boum ! J’ai pu désamorcer le mécanisme, de facture Minbari (Delenn et Lennier échangèrent un regard). Et là, je me suis souvenue de l’avertissement de Lennier.

SINCLAIR : quel avertissement ?

NA’LAK : il m’avait dit que je courrais un grave danger, selon lui, il aurait joué les anges gardiens en me protégeant, de qui, ça... J’avais vaguement remarqué un Minbari ces derniers jours, il avait un étrange tatouage sur le crâne... tant de gens prêtent attention à mes moindres faits et gestes que ça ne m’avait pas inquiétée mais après la découverte de la bombe, je savais que la prochaine fois, je n’aurais pas autant de chance. Je n’avais plus la protection de G’Kar, j’ai dû improviser pour me trouver des papiers.

SINCLAIR : vous êtes allée voir N’grath qui vous a mis en contact avec Amy Chapman.

NA’LAK : moyennant 60% de ce que mes affaires rapporteraient. On a échangé nos vêtements, et je suis allée directement à la douane pour m’embarquer sur le premier vaisseau qui voudrait de moi. J’avais pris un billet pour Centauri Premier sur le Lemrod et puis... j’ai réfléchi. Si le Minbari pensait que j’étais partie, il quitterait la station et je serais tranquille quelque jours, le temps de filer ailleurs. Je l’avais vu partir à bord d’une navette... Après, j’ai contacté Vir dans ce bar, le reste de l’histoire, vous la connaissez.

SINCLAIR (dur): vous ne vous êtes pas demandée ce qui aurait pu arriver à Amy Chapman? Vous la mettiez en danger, délibérément.

NA’LAK : d’accord, elle portait mes vêtements, je lui avais donné le code de mes quartiers et je savais qu’elle irait récupérer son dû mais on se ressemblait assez peu, j’ai cette cicatrice qui me barre le front et les yeux verts, elle les avait bruns. Pour un douanier pressé de terminer son service, c’était suffisant... et je ne me doutais pas que le Minbari allait la tuer en la prenant pour moi.

SINCLAIR : 400 membres d’équipage du Prométhée, 120 civils Centauris et 23 Narns du Ko’Rath ont été tués également. Vous saviez en implantant ce virus que le Minbari ne pourrait savoir quel vaisseau vous servirait de refuge... Parce qu’il a vite compris qu’il s’était trompé de cible, vous avez envoyé plus de 500 personnes, des femmes, des enfants à une mort certaine, votre sécurité est-elle donc si importante que vous lui sacrifiiez des enfants ?

Na’Lak pâlit.

G’KAR (se leva et tonna): assez ! Ce genre de discours est indigne de vous commandant ! (Na’Lak le regarda, éberluée) Comment Na’Lak aurait-elle pu imaginer qu’un croiseur de combat Minbari allait attaquer et détruire les trois bâtiments en question ? Elle a voulu brouiller les pistes et j’en aurais fait autant à sa place !

MOLLARI : cette fois, il marrque un point, Sinclairr. Mais ce que je voudrrais savoirr, c’est pourrquoi les Epées du Vent en veulent à ce point-là à Na’Lak, elle a mauvais carractèrre mais je ne crrois pas que ce soit une rraison suffisante.

DELENN : le Conseil Gris avait donné ses ordres : Lennier devait la surveiller mais aucun mal ne devait lui être fait. Mais la caste guerrière a désobéi et sans doute pour ne pas trahir la règle la plus sacrée qui veut qu’un Minbari ne tue pas un autre Minbari, elle a fait appel aux Epées du Vent qui eux, ne s’encombrent plus d’autres règles que des leurs propres.

G’KAR (fixant Delenn, incrédule) : vous sous-entendez que Na’Lak est Minbari ? Et depuis quand avez-vous la technologie génique qui permette une telle mutation ?

NA’LAK (plus pour elle-même): je n’ai aucun souvenir... Je serais Minbari ?

Mollari, Vir et Sinclair semblaient tout aussi surpris par la révélation.

LENNIER (montrant le plus grand respect) : vous êtes Satai Turenn.

MOLLARI : un membre du Conseil Gris !

DELENN : vous étiez le Shay’Alit de la caste guerrière et membre du Conseil Gris... jusqu’à la mort de Dukhat qui a déclenché la grande guerre contre les humains.

NA’LAK (perplexe) : cela ne m’évoque rien, rien du tout. (elle porta la main à sa cicatrice) Et ça, qui me l’a fait ? Vous ?

DELENN : Non, aucun Minbari n’aurait fait ça, même pas Neroon ou Xðren. Kosh connaît la réponse, mais il n’a pas jugé bon de me la dire.

NA’LAK : si je suis Satai et le Shay’Alit de la caste guerrière, pourquoi veulent-ils me tuer ?

LENNIER : ils disent que vous déshonorez la caste toute entière par votre seule existence.

DELENN : quand Dukhat est mort, vous avez refusé de mener la caste guerrière au combat, vous étiez le Shay’Alit, c’était votre devoir. Mais vous n’avez donné aucune explication et vous êtes partie. Dukhat avait appuyé votre entrée au Conseil Gris, il avait été votre mentor, votre ami et vous avez refusé de venger sa mort.

NA’LAK (virant au gris): par lâcheté ?

DELENN : qui connaît les raisons, connaît la vérité, je ne sais que cela et aussi que vous avez délibérément saboté l’intégrité structurelle de certains vaisseaux, les rendant ainsi vulnérables aux armes des Terriens. L’Etoile Noire a pu être détruite par Sheridan par votre faute. Je suis désolée de vous apprendre tout ça de façon aussi brutale mais si les Epées du Vent et la plupart des Minbaris de la caste guerrière veulent votre mort, ce n’est pas sans raison.

Na’Lak se leva et sans un mot, quitta la salle du conseil. G’Kar partit à sa suite.